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Racine Carrée de U | OUSSEMA TROUDI


Novembre 2009 - Décembre 2009 | La Soukra

 

Il y a un risque à vouloir refaire l'itinéraire de la forme, celui d'une perte de certains lieux, rendus autrefois habitables. La trouvaille du désir comme celle de dessiner un énoncé, de configurer des généalogies ou de trouver des signes pour une sensation de pensée, c'est cette trouvaille qui inaugure le chantier de l'inhabituel.

Il n'est pas aisé aujourd'hui d'inventer de nouvelles figures pour de nouveaux "plateaux", car alors, à chaque nouveau paysage, on peut se trouver confronté(s) à l'absence de toute marque de l'itérable. Mais voilà que ces dessins ont su aller vers la découverte de nouveaux "plateaux" et mettre en place des marques datives de la mesure qui se veut et s'invente arithmétique et grammaticale. Dessiner n'est pas tant être dessinateur, c'est devenir, par le dessin, dessinateur.  Devenir dessinateur c'est, peut-être, conduire lentement une itération amoureuse, jusqu'à ouvrir une béance visuelle à l'intérieur du cadre, pour qu'une nouvelle parole soit donnée à ce qui n'a pas droit à la littérature  : les dessins de Oussema Troudi.

Dessiner un éléphant jusqu'à le devenir.  Ainsi la musique de Mozart, elle n'illustre pas un paysage traversé par le chant des oiseaux, c'est la musique qui devient chant d'oiseaux. Démultiplier l'entité première, démultiplier le portrait de l'éléphant, donner à la présence-graphique-animale une multiplicité non minoritaire et non fragmentaire, travailler la métamorphose jusqu'à l'heccéité, c'est un peu, faire de l'espace investi un herbier. Par des colonnes arithmétiques, par un dispositif géométrique, le dédoublement crée une genèse étonnante qui ouvre et cadre des terres inconnues, innomées et sans doute innommables,  des terres qui se présentent en termes cryptiques.

Les dessins et les dessins-peintures de Oussema soumettent le regard à une forme du voir qui tente de se reconnaître et de se poser dans une esthétique, et le regard s'insinue entre apercevoir et voir, il vibre dans une nouvelle nécessité : se trouver dans l'expérience d'une manière de reconnaître l'entrevision.  L'implication du topoï d'un double désir et d'un double geste termino-graphique.  Le gros plan comme limite du dévoilement, le découpage-reconfiguration comme conjugaison du continu-discontinu affirment l'ancrage de l'ensemble de l'exposition dans le désir d'amener vers la littérature ce qui en était dialectiquement écarté.

Les dessins re-disposent des hétérogénéités dans un ordre de montage qui fait suite à une suite de cadrages et nous remet dans la nostalgie des correspondances selon Baudelaire, des affinités selon Gœthe, des pointes ontologiques selon Batailles, et peut-être de certaines poésie comme lieux de contiguïtés catastrophiques.  Le cadrage fait que les formes prennent figure, certaines affrontent le regard, d'autres composent de multiples chorégraphies des conflits.

Racine de U, la provenance met à distance mais enregistre la généalogie moléculaire d'une pensée du visuel


- Hayet Tlili




ARTISTES: Oussema Troudi


COLLABORATIONS:
  • Haithem Jemaïel
  • Ymen Berhouma
  • Wissem Hmida

Oeuvres