Artistes Modernes












ALI BELLAGHA  (1924-2006)



Professeur, dessinateur, peintre et graveur — un artisan du patrimoine et de la modernité

Descendant d’une ancienne lignée d’artisans de la médina de Tunis, Ali Bellagha grandit au cœur d’un héritage manuel et esthétique qui marquera profondément son œuvre. Après un passage à l’Institut des Hautes Études de Tunis, il rejoint Paris pour poursuivre une formation artistique complète : dessin, gravure et céramique à l’École des Beaux-Arts, fréquentation assidue des ateliers de gravure du professeur René Jaudon, et cours de décoration au lycée Claude Bernard. Il achève son parcours à l’Institut Supérieur des Beaux-Arts de Tunis.

En 1953, il organise sa première exposition personnelle, amorçant une carrière qui le mènera à exposer régulièrement en Tunisie comme à l’étranger. De 1956 à 1960, il enseigne le dessin au Collège Sadiki, avant d’ouvrir, dans les années 1960, avec son épouse Jacqueline Guilbert, la galerie Les Métiers à Tunis — un lieu mêlant antiquités, créations contemporaines et savoir-faire artisanaux.

Pionnier d’une approche moderniste des métiers d’art, Ali Bellagha s’attache à revaloriser le patrimoine arabo-musulman en lui insufflant des accents contemporains. Il redonne ses lettres de noblesse à l’artisanat tunisien — bois, pierre, cuivre, laine, cuir, argent — tout en explorant la peinture, la céramique, la sculpture, la restauration et la décoration. Ses natures mortes sculptées dans le bois et ses dessins aux couleurs éclatantes traduisent un sens raffiné de la composition et une curiosité artistique inépuisable.

Reconnu pour son expertise dans le domaine des peintures, de la verrerie et du mobilier, il met son savoir au service de la conservation et de la transmission du patrimoine. En 2003, il reçoit le Prix National des Arts Plastiques. En 2006, il est invité d’honneur du Salon de l’Artisanat à Tunis, et participe à la création de l’écomusée Dar Gmach dans le village de Takrouna.

Homme de pont entre tradition et modernité, Ali Bellagha a consacré sa vie à prouver qu’un patrimoine vivant est un patrimoine en mouvement.




Expositions