Artistes Modernes












AMMAR FARHAT (1911-1987)


Peintre de la Tunisie populaire — entre tradition et modernité

Autodidacte et membre éminent de l’École de Tunis, Ammar Farhat s’est imposé comme l’un des peintres les plus importants de la Tunisie contemporaine. Né dans un environnement modeste, il découvre la peinture par imitation, observant et reproduisant des œuvres vues au hasard des rencontres. Ses visages, souvent inspirés de formes empruntées à Braque, portent la marque distinctive des « faces-profils », où le contour du profil s’inscrit dans un visage vu de face.

Il débute au Salon Tunisien en 1937 et y expose régulièrement jusqu’en 1979, participant parallèlement aux expositions collectives de l’École de Tunis. Sa première exposition personnelle a lieu en 1940 à Tunis. En 1949, il est nominé pour le Prix de la Jeune Peinture à Paris. Ses voyages en Suède (1956-1957) et sa participation à divers salons, dont celui de La Marsa en 1981, précèdent une série d’expositions personnelles marquantes au début des années 1980, notamment au Théâtre Romain de Carthage.

Son style, caractérisé par un dessin simplifié et des contours nets, privilégie une palette méditerranéenne faite de jaunes, orangés, ocres et bruns. Farhat excelle à camper ses personnages dans l’instant de l’action, avec un regard tendre et respectueux sur les humbles et les travailleurs du quotidien : portefaix, porteurs d’eau, de pain ou de jarres. Si ses sujets se nourrissent largement de la vie traditionnelle tunisienne, il n’hésite pas à s’ouvrir à des thèmes plus modernes, comme la figure sensuelle d’une jeune baigneuse allongée sur le sable, ou la représentation de belles jeunes femmes dans leurs gestes familiers.

Ses toiles, parfois empreintes d’une vision épique ou fantastique, traduisent avant tout un humour discret et une affection profonde pour les classes populaires. Ammar Farhat a su faire de la peinture un langage à la fois simple et noble, capable de saisir l’âme d’un peuple.




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