Artistes Modernes












Habib Bouabana 

(1942-2003)


Biographie


Peintre, poète, pédagogue — un esprit libre de la scène artistique tunisienne

Formé à l’École des Beaux-Arts de Tunis, Habib Bouabana fut un artiste pluridisciplinaire, à la fois peintre, poète, enseignant et homme de théâtre. Il a marqué durablement l’histoire de l’art contemporain tunisien par une œuvre intense, libre et profondément subversive.

Surnommé le peintre de l’avenue Habib Bourguiba, il s'imposait comme portraitiste majeur, souvent cité comme le second après Ammar Farhat. Son pinceau, guidé par une sensibilité rebelle, traduisait une tension constante entre désespoir lucide et ironie joyeuse.

Habib Bouabana menait une vie de bohème où la peinture n’était pas seulement un médium, mais un refuge, un terrain d’affrontement intérieur. Malgré ses tourments personnels, il bâtissait un monde qui lui était propre, peuplé de visions qu’il couchait sur toile avec une palette vibrante, aux couleurs tantôt tendres, tantôt criardes.

Ses œuvres, traversées par des figures comme la Dame au collier, le Couple en sortie, la Femme africaine ou encore Bou Saâdia, témoignent d’un art où formes et couleurs fusionnent dans une harmonie souvent dissonante, mais jamais gratuite.

Son style, volontairement brouillon et indiscipliné, relevait d’un choix assumé : celui de l’instinct et de la révolte. À travers ses toiles, Bouabana s’insurgeait contre l’ordre établi, refusant le confort esthétique et les conventions du « show-business » artistique. Il fut l’un des rares à brandir son « NON » avec autant de constance et de radicalité.

Habib Bouabana se dressait, presque seul, à contre-courant d’une génération de plasticiens plus soucieux de décoration que de questionnement. Il incarnait une voix dissonante, une balise picturale en marge, pour qui l’authenticité primait sur l’apparence.

Dans ces temps d’instabilité et de quête de sens, la mémoire de Bouabana mérite d’être ravivée. Son œuvre reste un appel vibrant à repenser nos repères. Lui-même résumait son idéal dans une phrase à la fois poétique et politique :
« Je suis séduit par l’idée d’une femme qui n’existe pas encore — une femme patrie. »






Expositions